La Commission européenne a transmis aux autorités nationales un projet de mémo, établissant les bases permettant de réagir à l’ingérence étrangère dans les universités, les centres de recherche et les grandes écoles. Ce document, daté du mois de février, a été mis au jour par EU Observer. La démarche initiée par l’UE s’inscrit dans le sillage d’un échange entre les différentes parties prenantes (industrie comprise) et les autorités européennes, en décembre dernier, autour de la coopération sino-européenne en matière de recherche et de développement.
L’initiative vise à sensibiliser les établissements concernés, à apporter des moyens de prévention et de réaction à l’ingérence étrangère ainsi que des recommandations visant à se redresser après un évènement de ce type.
Le mémo est articulé autour de 4 points : la gouvernance, les partenariats, la sécurité et les valeurs.
En termes de gouvernance, le texte préconise notamment d’affecter un ou plusieurs membres de l’université (ou autre entité de recherche) à l’identification des vulnérabilités physiques et numériques d’un établissement et à la sensibilisation des différents acteurs concernés par les problématiques d’ingérence. Le mémo encourage par ailleurs cette équipe dédiée à se rapprocher des services gouvernementaux spécialisés.
Les lignes directrices mettent également l’accent sur le caractère obsolète de certaines clauses contractuelles dans les contrats de partenariat ; sur le devenir des données produites dans le cadre de ces contrats et sur la dépendance qu’ils sont susceptibles de nourrir.
En février dernier, l’Université Libre de Berlin s’est ainsi trouvée au cœur de cette problématique. L’établissement a en effet constaté lors de la création d’une chaire dédiée à l’enseignement du chinois que le contrat passé avec Hanban (qui gère les Instituts Confucius) relevait du droit chinois. Ce qui arroge le droit à l’administration chinoise de réduire ou de cesser tout financement en cas de non-respect de ce dernier (comme l’évocation de Tian’Anmen, par exemple).
En 2018, l’Australian Strategic Policy Institute publiait le rapport « Picking flowers, making honey » qui révélait la manière dont l’armée chinoise pénétrait les universités occidentales, notamment en faisant usage de « couverture » pour dissimuler le caractère militaire de leur démarche. Le rapport rappelait également qu’aucune politique claire à l’égard des transferts de technologies n’avait été mise en place par les gouvernements concernés.
Le mémo européen, qui constitue les bases d’une réponse harmonisée à l’ingérence chinoise, apparaît comme une nécessité aujourd’hui. La fermeté de l’administration américaine à l’égard de Pékin devrait donner lieu à une réorientation plus massive des Chinois vers le vieux continent.

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