Une enquête menée récemment par le Süddeutsche Zeitung, NDR et WDR a révélé des pressions exercées par la diplomatie chinoise sur des entreprises allemandes et ce, afin de contribuer à redorer l’image de Pékin outre Rhin.
L’initiative a débuté en février 2019. Shi Mingde, alors diplomate en poste à Berlin, aurait envoyé un premier courrier à plusieurs groupes du CAC 40 allemand, le DAX. Dans sa requête, dont le caractère confidentiel était particulièrement souligné, des fonds étaient sollicités afin d’œuvrer à la création   d’un portail d’information sur la Chine en Allemagne, baptisé Chinareporter.
Le concept de ce portail a été proposé à Shi Mingde par deux journalistes allemands jugés bons connaisseurs du pays, à l’insu de leurs rédactions réciproques. Le diplomate ne nie pas l’objectif du dispositif : transmettre au public une meilleure image de la Chine.
Si les entreprises ont dans un premier temps ignoré la requête, une seconde sollicitation, intervenue en décembre dernier par le nouveau diplomate, Wu Ken, a suscité une certaine inquiétude. Dans un contexte de crise associée à la persécution des Ouighours, la demande s’est en effet exprimée de manière plus austère et plus pressante. Il s’agissait désormais de s’engager.
Les fédérations allemandes ont aussitôt mis en place des cellules de crise et des représentants du gouvernement ont été consultés pour décider de la marche à suivre. Fallait-il en effet accéder aux demandes chinoises (le budget annuel du projet ayant été estimé à 250 000 €) pour pouvoir poursuivre ses activités en Chine de façon sereine ? Selon les journalistes en charge de l’enquête, aucune entreprise n’a finalement donné suite aux requêtes de Pékin. Ce qui semble attester de l’efficacité du collectif qui s’est emparé du sujet.
Il n’en demeure pas moins que la Chine continue de tisser sa toile en Allemagne. Si le projet China reporter a été ajourné, une nouvelle initiative « China-Brücke e. V. » a vu le jour à la fin du mois de décembre. Présidée par Hans-Peter Friedrich, ex-ministre de l’intérieur et actuel vice-président du Bundestag, l’association vise à renforcer les échanges politiques, économiques et scientifiques entre la Chine et l’Allemagne et plus largement, entre la Chine et l’Europe.

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