Airbus Group entretiendrait-il des liens de trop grande proximité avec la Chine ?

C’est ce que défend un rapport détaillé, mais sans nuances, qui souligne les risques sécuritaires induits par cette proximité.

Le titre du dernier rapport d’Horizon Advisory, Flying with the enemy, laisse peu de place à l’ambigüité. Il est notamment reproché au groupe aéronautique ses partenariats avec AVIC (qui figure sur l’Entity list du Department of Commerce américain), avec la Chinese Academy of Sciences et avec China Mobile. Selon les auteurs, ces partenariats constituent des vecteurs permettant au Parti Communiste Chinois de renforcer son pouvoir ainsi que ses capacités de surveillance.

Airbus compte plus de 10 filiales en Chine dont 5 sous forme de joint-ventures avec des entreprises d’Etat, considérées comme entretenant des liens avec des entités relevant du secteur de la défense. Le groupe est également présent à travers des centres de recherche et d’innovation. La note d’HA présente le détail de ces collaborations pour mieux souligner la dépendance de l’avionneur au marché chinois. Il est vrai que le groupe dispose d’une part de marché de 53 % dans le pays. La note met l’accent sur la capacité d’influence dont dispose donc le gouvernement chinois sur l’entreprise et sur les risques de captation de technologies que font peser ces collaborations et qui pourraient bénéficier à l’armée chinoise.

On ne peut que s’interroger sur la finalité de ce rapport. Horizon Advisory sert-il de bras armé au Département de la Défense et au Département au Commerce, comme semble en témoigner le contrat qui lie ces parties depuis juillet 2020 ? La question mérite d’être posée. Boeing, le grand rival d’Airbus semble avoir « décroché » du marché chinois, conséquence des relations délétères entre la Chine et les Etats-Unis et de plusieurs crashes qui ont cloué ses avions au sol. Depuis 2017, aucune compagnie aérienne chinoise de transport de passagers n’a passé commande à l’avionneur. C’est une énorme déconvenue pour un marché que le groupe américain estimait encore il y a peu à 1,5 T$. En 2017 et 2018, la Chine représentait quelque 20 % des livraisons de Boeing. Un chiffre tombé à moins de 5% aujourd’hui.
A cette concurrence que se livrent les deux constructeurs en Chine s’ajoute la problématique des approvisionnements en titane auprès de la Russie. Contrairement à Airbus qui, s’il a suspendu ses services, poursuit ses achats auprès de ses fournisseurs habituels. Boeing a cessé tout commerce avec Moscou et doit jongler avec une chaîne d’approvisionnement fragilisée.

Le rapport d’Horizon Advisory intervient quasi simultanément à la publication, par Reuters, d’un reportage agrémenté de photos montrant des A350 endommagés délivrés à Qatar Airways. Ces appareils font l’objet d’un litige entre l’avionneur et la compagnie qatarie qui met en cause la qualité de la peinture et les risques induits par cette situation en termes de sécurité. Le différend n’a, pour l’heure, pas trouvé de solution amiable.

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