Nexperia, dont le gouvernement britannique a exigé en novembre dernier un désengagement de Newport Wafer Fab, a annoncé cette semaine le lancement d’une procédure judiciaire. L’action ne constitue pas réellement une procédure d’appel. Elle vise surtout à déterminer la manière dont les autorités ont pris leur décision, à savoir, conformément à la légalité, à la rationalité et à la procédure. Nexperia sera représenté par Lord Pannick, qui a notamment été conseil de Boris Johnson et fait partie des avocats londoniens les plus renommés.
L’entreprise néerlandaise, détenue par le groupe chinois Wingtech, avait racheté 86 % du fabricant gallois en juillet 2021 (elle en détenait déjà 14 %). L’opération avait commencé d’être examinée à l’aune de la sécurité nationale en mai 2022, après la promulgation du National Security and Investment Act, entré en vigueur en janvier 2022, un texte qui permet d’examiner certaines opérations a posteriori. Lors de cet examen, Nexperia avait déploré l’absence de dialogue entre les parties et le refus d’évaluer les mesures proposées pour contrebalancer les risques à la sécurité nationale, un concept qui apparaît aujourd’hui peu transparent aux yeux des investisseurs étrangers. Le rôle des Etats-Unis dans le blocage de la transaction est évidemment sous-entendu, puisque certains membres du Congrès auraient demandé à ce que soient exercées des pressions diplomatiques sur le Royaume-Uni pour aboutir à un veto.
Les entreprises basées aux Pays-Bas, tant Nexperia qu’ASML subissent aujourd’hui de plein fouet le ‘découplage’ voulu par Washington. Le gouvernement néerlandais (ainsi que le japonais) aurait en effet donné son accord de principe pour un renforcement des restrictions à l’exportation des semi-conducteurs avancés vers la Chine, ainsi que des équipements en permettant la fabrication.
L’Allemagne, de son côté, va devoir trouver une solution acceptable après avoir sollicité la facilité ICPEI,Projet Important d’Intérêt Européen Commun, et l’avoir obtenue pour 32 entreprises du secteur des semi-conducteurs parmi lesquelles Nexperia, qui dispose d’une usine à Hambourg.

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